Le mot du prêtre: Heureusement il y a l’humour…

Le mot du prêtre: Heureusement il y a l’humour…

SEPTIEME DIMANCHE DE PAQUES – 23 et 24 mai 2020

Sans doute, pour vous comme pour moi depuis la mi-mars, nous n’avons jamais reçu autant de messages de tous genres par photo ou petit film sur le téléphone portable ! les réseaux sociaux sont des moyens privilégiés en ces temps difficiles pour diffuser, entre autres, divers gags, ou caricatures ou trucages…. Souvent de goût et d’humour très divers.

Dieu merci, les thèmes religieux font partie de cette tendance. Surtout autour des fêtes de Pâques: j’ai reçu, de très nombreuses fois, l’image du tableau de la Cène de Léonard de Vinci avec Jésus seul à table devant un ordinateur et qui demande à ses disciples: «Tout le monde est là pour la visioconférence?». Ou encore ce dessin du Christ au matin de Pâques qui saute de joie en sortant du tombeau et qui aperçoit un panneau: covid 19 avec le symbole d’une maison. Et Jésus de dire: «Ah non! moi je sors!». Une autre, où Jésus qui arrive avec sa croix est stoppé par un soldat romain qui lui dit: «c’est annulé!».

Il est impressionnant de voir à quel point l’humour est largement diffusé. Serait-ce pour nous défouler, nous détendre, une manière de conjurer l’angoisse ? Nous le savons, des scientifiques l’attestent, le rire est un bienfait pour le corps et l’esprit: pour le corps en effet car il favorise notre système immunitaire (et ce n’est pas négligeable en ces temps), et l’esprit en renforçant notre plaisir, notre motivation, notre détente. 

Tous ces messages humoristiques sont autant d’occasions de signifier aux autres combien nous voulons maintenir le lien surtout avec les personnes dont nous sommes séparées. Ce qui est intéressant également, c’est de constater combien les sujets de ces gags se basent sur une référence d’actualité commune, au niveau même de la planète, la même préoccupation : la pandémie et ses conséquences. Le rire est une façon de prendre une distance face à une situation angoissante voire dangereuse. C’est s’entourer d’une muraille d’humour afin de ne pas se laisser envahir par la difficulté.

Les autorités de nos pays ne sont pas épargnées par ce phénomène. Récemment un conseiller fédéral a lâché une phrase désormais célèbre qui colle parfaitement à l’esprit helvétique: «Il faut agir aussi vite que possible, mais aussi lentement que nécessaire». Cela m’évoque une citation de Jésus: «pour le Royaume, soyez rusés comme des serpents et doux comme des colombes» …

Le rire est une façon de refuser le jeu de victime pour reprendre un rôle plus actif: l’exercice de notre liberté, même si la marge est infime. Les situations de pression peuvent amener aussi une forme d’autodérision. C’est là encore une forme d’humour qui nous aide à tenir face à l’adversité, à nous motiver, à nous relever et à avancer. C’est une façon de reprendre en mains notre vie spirituelle, de la redynamiser. Alors n’ayons pas peur de rire, et de rire aussi de nous-mêmes, de notre situation, car une compréhension nouvelle sur notre humanité se fait jour. Puissions-nous en rayonner à l’image de la prière de Thomas More: «Seigneur, donne-moi l’humour pour que je tire quelque bonheur de cette vie et en fasse profiter les autres».

Thierry Fouet